Pas d'éoliennes à Fagnières
«ON savait que ça ne passerait pas. C'est regrettable… Les ABF (Architectes des Bâtiments de France), c'est des Ayatollah ! »
L'écologiste Alain Biaux, maire de Fagnières, ville de la communauté d'agglomération de Châlons où aurait pu s'implanter une ZDE (zone de développement éolien), ne cache pas son dépit devant la décision d'un projet rejeté par le préfet à la suite d'une instruction.
Ce projet concernait une dizaine d'éoliennes. Il s'agissait d'un deuxième passage pour la présentation de cette idée reprise et également défendue par le député Benoist Apparu.
Ce projet, s'il avait abouti, se serait situé entre le périphérique et l'autoroute, secteur du Mont-Choisy grosso modo. Là où le vent souffle bien entendu.
Mais là aussi où la vue plonge sur la plaine de Châlons et ses monuments. L'un d'entre eux surtout, à partir duquel l'ABF a planté son compas sur un plan pour tracer un cercle « de sensibilité » équivalent à dix kilomètres. A savoir l'église Notre-Dame-en-Vaux, « site remarquable et protégé », niché au cœur de la ville et dont les flèches sont presque toujours visibles des quatre points cardinaux. Justement là où le bât blesse car « le point d'appel » de cet édifice, « emblématique, classé au patrimoine mondial de l'Unesco », est incompatible avec le projet éolien situé dans le cercle.
Manque à gagner : 150.000 euros
Le projet avait fait l'objet au préalable d'un vote des conseils municipaux des communes touchant la zone d'implantation des éoliennes.
S'étaient positionnées pour : Châlons, Saint-Martin-sur-le-pré, Recy, et Fagnières bien entendu. Trois autres s'étaient démarqués, à savoir Compertrix, Saint-Gibrien, et Villers-le-château.
Qu'on se prive d'une énergie douce au nom de l'incompatibilité d'un projet situé aussi loin géographiquement, Alain Biaux n'en décolère pas : « Au début, l'ABF avait pris pour centre du rayon Notre-Dame de l'Epine » évoquant cette commune située bien au-delà de la zone du parc éolien. « Et là, ça passait. Puis il a pris Notre-Dame-en-Vaux comme référence et là, ça ne passe plus ! ».
Avec la réalisation d'un tel projet, juge le maire de Fagnières, les retombées économiques auraient pourtant été conséquentes : environ 15.000 euros par éolienne en ce qui concerne les taxes professionnelles. Soit 150.000 euros par an : « C'est la production électrique d'une commune de dix mille habitants, environ toute la rive gauche de Châlons » compare Alain Biaux. Il ironise : « Et dire que les toits du Vatican ont 3500 mètres de carrés de panneaux voltaïques ». Il est amer : « Les Grenelle de l'environnement et tout cela, c'est du bla-bla. Et dire que nous à la Cac, on a une charte avec une page sur ce qui concerne l'éolien : elle restera vide ».
Pour Benoist Apparu le député, c'est également une déception, mais il tempère : « On ne peut pas demander à un architecte des Bâtiments de France d'être intransigeant et lui reprocher de l'être quand cela nous concerne personnellement ».
Fabrice Minuel